Déclaration des élus CGT au CSEC du Jeudi 26 janvier 2023.
M. Trappier,
Vous avouerez sans peine que ce début d’année 2023 se déroule dans un contexte bien moins tendu que l’année dernière. Il y a 12 mois exactement, les feux de palettes aux entrées de la majorité des établissements Dassault brulaient déjà depuis un mois. Le temps que vous avez perdu avant de reconnaitre que l’inflation était installée vous a rendu le seul et unique responsable des mois de retards et désorganisations qui s’en sont suivis.
La CGT, qui ne souhaite pas que ce schéma se reproduise cette année, ne se satisfera toutefois pas des promesses et beaux discours servis par vos représentants lors des premières réunions NAO.
Les salariés de 2023 sont plus affutés qu’ils ne l’ont jamais été au sujet des salaires. L’inflation et les pertes de pouvoir d’achat ont transformé chacun d’entre nous en un expert du sujet, parfaitement conscient des tenants et des aboutissants.
L’inflation doit être compensée par des augmentations de salaires, c’est une évidence que même les ministres du gouvernement, pourtant généralement bien peu soucieux des intérêts des salariés, répètent désormais.
Oui mais voilà, comme M. Segalen l’a rappelé lors du dernier CSEC, les chiffres on leur faire dire ce que l’on veut…
Les salariés ont parfaitement saisi que l’augmentation individuelle est là pour récompenser la montée en compétences ou des efforts fournis.
Le rôle de compensation de l’inflation est confié à l’augmentation générale. Qu’elle soit versée en pourcentage ou par une somme en euros n’est pas le problème, les salariés savent compter et venir avec une proposition en dessous des trois chiffres serait une grave erreur.
La CGT vous alerte : Ne jouez pas à l’apprenti sorcier en cherchant à additionner des % d’augmentations individuelles et des % d’augmentation générale pour essayer de convaincre. Le tour de passe-passe du « chiffre global » (AG+AI), même proche de l’inflation, ne fonctionnera pas et ne fera que raviver la colère.
Au-delà du communiqué financier annoncé début janvier avec les commandes engendrées en 2022 : 92 Rafale et 64 Falcon, nous sommes tous parfaitement conscient du contexte et des excellentes perspectives de notre entreprise.
L’extraordinaire carnet de commande signé et les nouveaux importants contrats Rafale qui se profilent pour 2023, que vous avez déjà dû planifier, demanderont des efforts inconnus depuis des décennies dans nos établissements.
L’inflation et le refus de l’injustice sont deux puissants moteurs, capable de rallumer instantanément le lit de braises, alors ne ratez pas ce rendez-vous de NAO !
Le message est également valable pour nos collègues du premier rang, CGC et UNSA : votre représentativité limitée sur les sites de production ne vous permet pas d’avoir un avis éclairé sur ce qui serait bon ou pas pour les salariés de production.
Effectifs /cadences
Comme vous l’évoquiez il y a quelques mois, l’explosion du carnet de commande a généré ce que vous appelez vous-même « un problème de riche » : la difficulté à mettre en place une organisation capable de produire ce qui a été signé.
Le doublement des chaines Rafale n’est évidemment pas un problème technique, mais humain. Toutes les catégories professionnelles tirent la sonnette d’alarme, OUI nous sommes en sous-effectifs dans tous les secteurs et plus particulièrement en production.
Que ce soit chez Dassault comme chez les sous-traitants tout le monde se demande même si les augmentations de cadence envisagées sont réalistes… et dans quelles conditions ?!
Il est évident que les salaires et les conditions de travail pèsent lourd dans les difficultés de recrutements que vous évoquez sans cesse. Les recettes de Marcel Dassault sont pourtant connues : payer mieux qu’ailleurs et avoir des conditions de travail meilleures qu’ailleurs. Aujourd’hui, force est de constater que ce bon sens n’est plus d’actualité.
Même les méthodes de recrutement semblent avoir été oubliées ! Où sont les annonces pour recruter à la sortie des écoles ? Où sont les « formations Dassault » qui recrutaient à tour de bras au tournant des années 2000 ?
Les atermoiements au sujet du prétendu « manque de candidats » ne sont pas très convaincants. Nous vous alertons aujourd’hui sur cette urgence : les salariés actuellement en poste sont bien trop peu nombreux et n’ont pas l’intention de se tuer à la tâche.
Nous terminerons cette déclaration avec le sujet d’actualité qu’est la réforme des retraites. Contrairement à ce que vous pensez peut-être, les salariés des grandes entreprises sont parfaitement conscients du lien entre cette réforme et leurs employeurs. Les économies voulues par le gouvernement visent une nouvelle fois à remplir les poches des actionnaires, via des exonérations de cotisations puis des redistributions de dividendes.
Le même coup a déjà été fait sur la santé, la justice et l’école : les « économies », massives, en centaines de milliards d’euros, sont systématiquement reversées aux grandes entreprises sous formes d’exonérations d’impôts et de cotisations.
Vous ne souhaiterez certainement pas le confirmer, mais il nous semble que le nombre de grévistes Dassault pour la première journée d’action du 19 janvier a battu un record historique. La journée de mobilisation du 31 janvier s’annonce déjà encore plus suivie. L’escalade ne fait peut-être que commencer. M.Trappier, nous vous appelons dès maintenant à intervenir auprès de vos camarades du gouvernement pour faire annuler cette réforme.
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