Monsieur le PDG,

Depuis le précédent CSEC, la situation internationale, plus particulièrement la guerre en Ukraine, ne s’est pas améliorée. On peut même parler de la résurgence d’un temps qu’on croyait naïvement fini : la guerre froide, qui opposa pendant un demi-siècle les forces de l’OTAN à celles du pacte de Varsovie.

Ce ne sont pas aujourd’hui les idées de communisme et de capitalisme qui sont au cœur du conflit, mais bien plus simplement des enjeux de territoires riches à la fois sur des plans miniers, énergétiques et alimentaires.

Cette situation et plus encore la crise sanitaire du COVID ont désorganisé l’économie mondiale. 

Le fort rebond économique du précèdent semestre a créé une situation inédite pour le plus grand nombre d’entre nous. Les pénuries de produits alimentaires et manufacturés, se conjuguent à une inflation en passe de devenir structurelle, et qui dépasse à ce jour 6%.

Depuis des décennies, toutes les entreprises de la planète mettent en œuvre les principes du Lean Manufacturing : zéro stock, usine dimensionnée à minima, externalisation vers le moins cher, réduction maximale du personnel etc. Tout cela pour répondre à la rapacité d’actionnaires jamais assez rassasiés. Ces mêmes actionnaires qui ont fait en sorte que les salaires et les pensions de retraites soient bloquées.

Cette situation n’a que trop duré. Ce ne sont pas des primes « carburant », « pouvoir d’achat »  ou autre « chèque alimentaire », distribués à certains par le gouvernement qui vont résoudre les problèmes du coût de la vie.

La CGT sait que vous en êtes conscient, puisque lors des précédentes NAO, vous nous aviez dit : « comprendre et vouloir que dorénavant les AG soient alignées sur l’indice de la hausse des prix de l’année écoulée ».

Cette position devra être également tenue pour nos camarades de DFS, qui subissent un chômage partiel imposé de grande ampleur, réduisant de fait leur rémunération.

Chacun travaille pour un salaire qui doit lui permette de vivre décemment. Pour la CGT, le salaire doit évoluer en suivant la hausse des prix à la consommation et de l’énergie.

Convention Collective Nationale de la Métallurgie chez Dassault :

Le moment est venu d’aborder ce sujet de la plus haute importance. La CGT s’est opposée de manière viscérale à la cotation et au paiement au poste, qui font fi de tout ce qui compose un être humain, son passé, ses savoirs, son expérience et ses compétences, réduisant chacun à une espèce de robot effectuant des tâches simplistes.

La CGT a été la seule à combattre ce principe, alors que certains syndicats qui l’ont accepté hier au niveau national, font aujourd’hui semblant de le découvrir….

La nouvelle convention risque d’amener d’importants changements dans la plupart de nos accords. La CGT s’opposera à toute modification à la baisse des accords existants. Nos avions sont d’un très haut niveau technologique, le personnel est hautement qualifié, l’entreprise a les moyens de mettre en valeur ses produits et de valoriser ses salariés.

Charges de travail et embauches :

Dans tous les établissements, le personnel se prépare à la cadence trois sur le Rafale dès le mois d’octobre. La montée en cadence quatre apparait à tous inévitable, charge à laquelle s’ajoutent deux nouveaux programmes Falcon, dont l’un a déjà six mois de retard.

Lors du précédent CSEC, mille embauches ont été annoncées pour l’année 2022 dont un tiers de « spécifique fabrication », soit environ 330 personnes. Ces renforts ne sont toujours pas arrivés dans les usines de production, leur embauche tardant à se réaliser.

Pourtant, au regard de l’attrition sur les prochaines années et de la charge prévue pour la décennie à venir, l’entreprise doit largement augmenter son effectif de production, actuellement de 1900. Sous peine de voir une part importante de notre fabrication quitter nos usines, au risque de perdre notre savoir-faire et notre indépendance.

La sous-traitance sur site ou à l’extérieur, le recours au personnel intérimaire, ne doivent pas dépasser les seuils et ratios actuels. La réponse à un surcroit d’activité temporaire ne peut être la même que pour le doublement des cadences, qui durera plusieurs années, pour ne pas dire une décennie. L’embauche doit être aujourd’hui l’objectif principal des services RH.

En conclusion :

Notre outil industriel, même s’il a bénéficié d’importants investissements ces dernières années, sera bien à la peine pour répondre aux cadences annoncées.

À la recherche de nouveaux mètres carrés, s’ajoute l’aspiration à une conception différente du travail.  Les cadres et ingénieurs plébiscitent aujourd’hui le télétravail, et exigeront demain une nouvelle forme de travail qui allie les considérations environnementales et économiques. Ne pas rechercher de solution de cet ordre pour le reste des salariés, ne favorisera pas l’optimisation de notre outil industriel.

Vous le savez, sur ce point la CGT est et sera force de proposition.

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